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Euro-2024: Spalletti, les nerfs à vif

Luciano Spalletti a conduit cahin-caha l'Italie en 8e de finale de l'Euro-2024, mais il est encore loin d'avoir rendu leur fierté aux Italiens, son mantra depuis sa nomination dans l'urgence il y a moins d'un an.

On le savait depuis ses passages à la Roma (2005-09 et 2016-17), l'Inter Milan (2017-19) et Naples (2021-23) capable de coups de gueule et d'emportements.

Mais peu s'attendait à une telle mauvaise humeur après le nul contre la Croatie (1-1), arraché dans le temps additionnel et synomyme de 8e de finale contre la Suisse samedi (18h00) à Berlin.

A la question plutôt anodine d'un journaliste en conférence de presse, Spalletti a dégoupillé et répondu par un monologue comme souvent alambiqué, parfois grossier, dans lequel il a notamment dénoncé "ceux qui font mal à la sélection en racontant les choses qui se passent dans le vestiaire".

Alors qu'il exhorte à la moindre occasion ses joueurs à faire honneur au maillot azzurro, Spalletti qui a fini par présenter ses excuses au journaliste qui a déclenché son courroux, n'arrive plus à cacher sa nervosité et ses frustrations après une phase de groupes où son équipe, avec quatre points en trois matches, a montré ses limites, en particulier face à l'Espagne (défaite 1-0).

Et ce n'est pas l'entraînement ouvert en dernière minute au public mercredi au camp de base d'Iserlohn (ouest), et l'inhabituel "Buongiorno" lancé aux journalistes en tribune de presse qui changeront cette impression.

 "A fond, exigeant et confiant"

Ses internationaux qui l'ont cotoyé en club, récusent pourtant l'idée d'un "Mister", comme sont désignés les entraîneurs en Italie, nerveux.

"Il est à fond, exigeant, confiant", l'a défendu l'attaquant de l'AS Rome Stephan El Shaarawy, tandis que le latéral du Napoli Giovanni Di Lorenzo voit "un Mister comme d'habitude, travailleur, très présent sur le terrain pour nous faire comprendre ce qu'il attend de nous".

Habitué à être en contrôle de tous et de tout, Spalletti, 65 ans, tâtonne depuis qu'il a pris les commandes de la Nazionale. 

Et pour cause: en moins d'un an, il n'a pas pu imprimer sa marque.

Appelé au secours en août dernier après le départ-surprise de Roberto Mancini vers l'Arabie saoudite, il a d'abord paré au plus pressé, à savoir remettre les champions d'Europe en titre sur les rails de la qualification pour l'Allemagne après des éliminatoires mal débutées.

La Nazionale, privée des deux dernières Coupes du monde, a arraché son billet pour l'Euro lors la dernière journée des qualifications au terme d'un nul crispant (0-0) face à l'Ukraine, 3e du groupe avec le même nombre de points mais une différence de buts défavorable.

Charnière à recomposer

Le Toscan, grand collectionneur de maillots de football et propriétaire d'un vignoble, tente tant bien que mal de répliquer en sélection le football de possession, offensif et séduisant, produit par le Napoli lors d'une saison 2022-23 étincelante.

Mais l'équipe assemblée pour l'Euro, après avoir convoqué au total 52 joueurs et misé sur un bloc de cinq joueurs de l'Inter Milan qui a survolé la Serie A cette saison, manque cruellement de personnalité et de talent, à l'exception de son capitaine et gardien de but Gianluigi Donnarumma, impeccable depuis le début du tournoi, ou encore de Nicolo Barella dans l'entre-jeu.

Après trois matches, Spalletti cherche toujours son buteur, va devoir recomposer une nouvelle fois sa charnière centrale après la suspension de Riccardo Calafiori, et continue d'osciller entre défense à trois ou à quatre.

Pas idéal avant d'affronter la Suisse qui n'a certes plus battu l'Italie depuis 31 ans, mais qui a fait belle impression en phase de groupes notamment face à l'Allemagne (1-1).

"La question du système de jeu importe peu. Il faut avant tout qu'on joue mieux, avec des sorties de balle plus rapides et plus propres, on fait encore trop d'erreurs", a-t-il balayé, agacé autant par la question que par les lacunes de son équipe.

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